Œnotourisme, ou le M. Jourdain de la filière
Si certains faisaient de la prose sans le savoir, beaucoup dans le vignoble font de l'œnotourisme sans le savoir.
Accueillir à la cave c’est un (bon) début. C’est souvent vu comme le prolongement naturel de la production.
Mais pas encore vraiment de l’œnotourisme, conçu comme une activité économique en tant que telle, un ensemble de prestations qui génèrerait par lui-même des revenus.
Toujours est-il qu’on en parle dans les chaumières, que des projets se développent, parfois très ambitieux. Le vignoble s’équipe et c’est tant mieux.
Car l'atout économique est indéniable (12 millions de personnes générant 5,4 milliards d’euros pour la France, nous révèle Vin & Société). À tel point que ce pourrait être l'alpha et l'oméga pour sauver notre filière.
N'étant pas un expert patenté du sujet, il me sera donc d’autant plus aisé d'avoir un avis autorisé.
Plus sérieusement, le constat est celui d’un objet protéiforme.
Œno-tourisme. Deux concepts qu’il nous faut marier, faire se rencontrer, avec des cultures parfois éloignées.
L'œno c’est notre truc. On sait raconter notre histoire, voire la mettre en scène, parler avec fougue, passion, conviction, émotion, de nos vins. Nous avons donc plein d'idées et compétences. Mais pas toutes.
Le tourisme, on connait moins, voire pas du tout. C’est un métier, comme on dit. Avec plein d’idées et de compétences. Mais pas toutes.
Tout le monde est pétri de bonne volonté. Et veut travailler ensemble.
Tout le monde a des missions de coordination qui… se coordonnent peu.
On nous a appris, quand on était petit, à bien rester dans notre couloir quand on courait ou nageait. Il semblerait que nous ayons bien retenu la leçon. Et les réflexes corporatistes n’arrangent rien. Je ne jette la pierre à personne car nous sommes tous tout autant responsables.
Mais, sur ce sujet, il faut se nourrir les uns les autres, sortir des couloirs, se mélanger, confronter les idées, chasser en meute, pour reprendre une formule bien connue, faire un bon maul bien compact.
La Bourgogne a TOUT, et bien plus encore, pour réussir en ce domaine. Des vins qui font des étoiles dans les yeux, la gastronomie qui va avec, des sites incomparables, une inscription à l'UNESCO, des outils forts.
TOUT je vous dis. Cela fait déjà de nous une des régions leader sur le sujet.
Faisons le pari d'être encore meilleurs.
Dépolitisons le débat et les réflexes institutionnels et tentons l'aventure d'une dynamique collective, régionale à construire de manière informelle et toute aussi protéiforme que l'objet du délit.
Sylvain Naulin