édito

Quand le Sénat décoiffe…

À l’heure où les temps politiques semblent plus à la commedia dell’arte qu’au travail de fond, le Sénat apparaît comme un havre de sagesse et de mesure, la chambre haute semblant vouloir prendre de la hauteur.

Quelle ne fut donc pas la surprise des observateurs de voir un trio de sénateurs, jusque-là peu connus pour leur carrière de trublions, annoncer un rapport sur la viticulture « décoiffant ». De quoi, à première vue, y perdre son latin et redouter le pire : si même là on passe les bornes, n’y aurait-il plus aucune limite ?
Bon regardons les grandes lignes de ce rapport Dessange/Provost/Albane, à moins qu’il ne s’agisse de Laurent, Cabanel et Pla. Pas moins de 23 recommandations pour cette « filière [qui] n’a pas suffisamment su se remettre en question face aux évolutions sociétales et changement climatique, [mais qui] dispose indiscutablement de tous les atouts pour sortir par le haut d’une conjonction historique de crises de nature différentes ».

Pour la gouvernance, le rapport pointe les « trésors de complexité » déployés par la filière France (442 AOP et les organisations qui vont avec, à savoir 236 ODG, et 23 interprofessions (pas de jaloux comme ça)) illustrant son atomisation.

Face au marché, la voie retenue est autant d’observer une crise de sous-consommation que de surproduction. Si le résultat est le même, à savoir trop de vin pour un marché, l’analyse de ses déterminantes et des voies à prendre pour en sortir diverge radicalement.
La capacité de la filière France à créer de la valeur est célébrée mais chahutée par les modes de consommation qui ont évolué, le blanc supplantant le rouge et les jeunes s’éloignant, voire ne s’approchant même pas. Et en matière de régulation de l’offre, les outils dynamiques sont à privilégier plutôt qu’un arrachage massif, considéré comme une amputation.
De plus, pas de restructuration sans collectif, ni de mesures de retrait par la distillation sans le conditionner à une étude de positionnement de marché. En gros pas de pansement sans avoir en même temps réfléchi au traitement de fond.
Voilà pour l’offre. Et pour la demande : (re)conquête sabre au clair des nouveaux consommateurs avec une offre d’entrée de gamme simplifiée, « industrielle » (que voilà un bien gros mot sous cette sénatoriale plume) mais contractualisée pour sécuriser la chaîne de valeur. Et enfin, une promotion musclée et mutualisée sous bannière France pour une partie des budgets.
Rendez-vous est demandé dans des Assises de la viticulture, ambitionnant un renforcement de l’intégration de la filière et de ses relations amont – aval et conditionnant toute mesure de crise à ces discussions.

Finalement plus décoiffant qu’il n’en avait l’air de prime abord, même si certaines de ses propositions ont pu déjà tenter leur chance dans de précédents rapports (parlementaires ou de missions diverses) au cours des 25 dernières années, ne dépassant pas le succès d’estime pour certaines d’entre elles.

En tout cas, de quoi nourrir les réflexions des instances de la filière et des politiques au moment où « ça va mal, ne changeons rien » ne saurait être une doctrine durable.

Sylvain Naulin

BIVB Infos

Actualités

  1. 10 décembre 2025

    Les Carnets du Plan - Version 2025

    Nous mettons à votre disposition ce carnet de synthèse offrant un état de toutes les connaissances et résultats de la recherche sur les dépérissements de la vigne.  Vous préférez lire la[...]

    Les Carnets du Plan - Version 2025 Ressources

Appel échantillons

Aucune publication

Agenda

décembre - À venir

  1. 11 décembre

    Commission Intelligence Economique & Stratégie

    Réunions "BIVB"
  2. 12 décembre

    Assemblée Générale

    Réunions "BIVB"